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Des cultures peu engageantes

Sur la façade atlantique, les précipitations abondantes depuis la mi-octobre ont laissé des traces, comme ici en Loire-Atlantique, le 23 avril.

Les épisodes successifs de forte pluviométrie depuis la mi-octobre ont fortement pénalisé les surfaces de céréales à paille. Les conditions de culture laissent également à désirer, et les OS croisent les doigts pour la moisson à venir.

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«Les problématiques rencontrées sur la campagne en cours ressemblent à celles que nous avons connues en 2019-2020, mais de manière plus amplifiée », avance Christian Cordonnier, directeur général de Terre Atlantique, coopérative implantée en Charente-Maritime. Météo France a en effet enregistré un excédent pluviométrique moyen de 30 % d’octobre à mars par rapport à la moyenne de référence, et jusqu’à 50 % pour le mois de novembre. Ces pluies ont fortement perturbé les semis, notamment sur la façade atlantique et les Hauts-de-France.

Des semis très contrastés

« Seuls 85 % du blé tendre et 70 % de l’orge d’hiver ont pu être implantés », reprend Christian Cordonnier. Si la qualité des blés semés à temps est plutôt encourageante, ce n’est pas le cas de ceux restés les pieds dans l’eau où les « pertes pourraient atteindre 5 % des plants ».

En Loire-Atlantique, le constat est similaire. Le négoce Moisdon n’a semé que 70 % des céréales à paille (blé, orge, triticale) prévues. « Sur les 1 100 ha implantés au niveau de mon secteur, 500 ha présentent une bonne densité, présente Gwendal Hercouët, technico-commercial pour le négoce. Ils pourraient atteindre les 70 q/ha, sachant que la moyenne de rendement en 2023 était de 71-72 q/ha. Pour le reste, une moitié pourrait atteindre 50-60 q/ha et l’autre moitié sera inférieure à 40 q/ha. »

Et entre les deux zones, les semis sont très contrastés. « Sur notre secteur de la Vienne, 95 % des blés et des orges ont été semés. Tandis que sur le bocage vendéen et le nord des Deux-Sèvres, nous avoisinons les 40-45 %, avec certaines communes qui affichent moins de 10 % de surfaces semées, témoigne Mickaël Murail, DG du négoce Cosset. Et même les blés les plus beaux manquent d’enracinement. »

Du côté des Hauts-de-France, « 60 à 65 % des céréales d’hiver ont été semées avec des conditions particulièrement difficiles sur la bordure maritime et dans la Flandre, indique Philippe Pluquet, responsable du pôle agronomie et innovations chez Noriap. Dans certains endroits, les céréales ont été mal implantées, ce sont donc des cultures qui vont patiner jusqu’à la récolte. »

En tout, FranceAgriMer estime à 70 000 ha la surface de céréales d’hiver non semée en Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine, ainsi que 60 000 ha dans les Hauts-de-France.

64 % des blés en mauvaises conditions

Le redoux du mois de mars et ses pluies (+1,6 °C et + 85 % de pluviométrie par rapport à la normale) ont entraîné une reprise précoce des cultures d’hiver. « Pour les parcelles semées dans les temps, nous avons bien 15 jours d’avance avec un stade dernière feuille étalée déjà atteint. Pour les semis les plus tardifs, le stade 2 nœuds apparaît tout juste », confiait Gwendal Hercouët le 19 avril. Chez Noriap, même constat : « Environ deux semaines d’avance pour les céréales correctement implantées. »

L’humidité a affecté les conditions de culture, avec, au niveau national, 64 % des blés tendres en bonnes ou très bonnes conditions au 15 avril, contre 94 % en 2023. Un niveau similaire à celui de 2020 où la récolte de blé tendre n’avait pas atteint les 30 Mt. « Début avril, nous avons eu des attaques carabinées de septoriose sur les blés. Le nombre de passages de fongicides, que nous pensions pouvoir diminuer, a été revu à la hausse », poursuit le TC de Moisdon. Côté Nord, « la pression maladie est aussi très forte avec de la septoriose et des cas de rouille brune à venir », complète Philippe Pluquet.

Quel report au printemps ?

D’après FranceAgriMer, un report important a été réalisé sur l’orge de printemps. Celle-ci occupe près de 500 000 ha, soit + 10,7 % par rapport à 2023. « Les surfaces en orges de printemps ont fortement augmenté cette année pour compenser le recul des orges d’hiver et une partie des blés. Les maïs et les tournesols sont déjà bien avancés », indique Christian Cordonnier.

Côté Loire-Atlantique, « les conditions météo de février, mars et début avril n’ont pas été favorables à la substitution de l’orge d’hiver par celui de printemps, signale Gwendal Hercouët. Au niveau du maïs, il faudrait produire 90 q/ha pour obtenir un EBE positif sur notre secteur. Cela compromet sa mise en place. La stratégie est donc un report sur le tournesol, déjà bien implanté l’an dernier dans le cadre de la stratégie de diversification imposée par la Pac. »

À l’inverse, le négoce Cosset note un report important sur le maïs. « L’assolement définitif reste encore incertain mais ça faisait longtemps que nous n’avions pas eu autant de mouvement dans les commandes, avec des demandes de dernière minute ou des échanges. L’automne s’annonce très chargé ! », s’exclame Mickaël Murail.

Plus au nord, « certains agriculteurs ont décidé d’arrêter le blé en décembre pour prévoir de l’orge de printemps », précise Philippe Pluquet. Au niveau des cultures de printemps, « les quantités semées en mars sont epsilon, les semis ayant vraiment débuté en avril ». Les diverses cultures (betteraves, orges, pois et tournesol) sont déjà bien avancées avec « un risque limace préoccupant » et un « parasitisme souterrain important ».

Les prochaines semaines seront décisives. Et la météo devra être au rendez-vous pour éviter que les quintaux ne s’envolent davantage. Et par ricochet, pour que les OS puissent passer l’année sans trop de casse.

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